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L’histoire de la photographie : un voyage couvrant plus de deux siècles

L’histoire de la photographie : un voyage couvrant plus de deux siècles

L’histoire de la photographie : un voyage couvrant plus de deux siècles

Est-il possible de résumer l’histoire de la photographie de manière claire et concise ?

C’est peut-être un défi, mais c’est loin d’être impossible.

L’histoire de la photographie s’étend sur plus de 250 ans.

Mais par commodité, nous dirons que ses débuts remontent aux premières impressions primitives d’images sur papier à l’aide de la lumière du soleil, qui datent de la première moitié des années 1700. À partir de ce moment, une multitude d’expériences différentes ont été menées au cours des années suivantes.

Ce qui rend l’histoire de la photographie si inhabituelle, c’est qu’elle est intrinsèquement liée à l’évolution industrielle de l’humanité vers le monde contemporain : une société mondiale et capitaliste animée par la consommation de masse. L’histoire de la photographie est donc allée de pair avec le progrès technologique, les nouveaux modèles économiques et les profonds changements sociaux qui se sont produits entre la fin du XVIIIe siècle et le siècle suivant. Ces changements réduiraient considérablement le pouvoir de l’aristocratie, verraient la bourgeoisie et la classe ouvrière gravir l’échelle sociale et conduiraient à l’émergence d’États-nations industrialisés modernes tels que nous les connaissons aujourd’hui.

Tout au long de ce processus, l’histoire de la photographie a souvent croisé celle des autres arts visuels, notamment la peinture. Au fil des ans, la photographie et la peinture ont entretenu une relation amour-haine, qui a fini par faire accepter la photographie comme une forme d’art à part entière, et non comme une simple application technologique de reproduction d’images. Mais cela n’a été possible qu’après des années de débats acharnés auxquels ont participé de nombreux artistes célèbres (et quelques juges aussi).

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L’innovation de la photographie a créé de nouvelles coutumes parmi les classes moyennes émergentes qui différaient des anciennes traditions de l’aristocratie. Par exemple, les peintures habituellement commandées pour représenter les membres des familles les plus riches ont été progressivement remplacées par des photographies, désormais accessibles aux familles moins fortunées également. Comme nous le verrons, l’histoire de la photographie est l’histoire d’innovations non seulement technologiques, mais aussi sociales.

Pour faciliter la lecture, nous avons décomposé l’histoire de la photographie en sept grandes étapes :

1. L’HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE : LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ

2. L’HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE : DES PREMIERS PAS AU DAGUERRÉOTYPE

3. JACQUES DAGUERRE ET LE DAGUERRÉOTYPE

4. DES PIONNIERS AU PREMIER LIVRE PHOTOGRAPHIQUE

5. L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ET L’UTILISATION GÉNÉRALISÉE DE LA PHOTOGRAPHIE

6. LA NAISSANCE DE L’INDUSTRIE PHOTOGRAPHIQUE MODERNE

7. LA PHOTOGRAPHIE DEVIENT RÉELLE : APPAREILS PHOTO PORTABLES ET IMAGES EN COULEUR

Commençons notre voyage !

1. L’HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE : LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ

Tout a commencé avec le concept d'”impression” : ce procédé utilisait une réaction chimique impliquant une ou plusieurs substances exposées à la lumière du soleil pour imprimer une image sur un support physique. Voilà, en quelques mots, le processus qui a conduit à l’invention de la photographie.

Après leur découverte dans la première moitié des années 1700, ils ont entamé une longue période d’expériences sur les matériaux photosensibles – des substances qui réagissent lorsqu’elles sont exposées à la lumière. Les premières tentatives d’impression, comme toute nouvelle technologie, étaient primitives et donnaient des résultats imparfaits. Imaginez une feuille de papier plongée dans un bocal rempli de liquide photosensible, que l’on retire ensuite, sur laquelle on place des objets et que l’on expose à la lumière du soleil. La zone exposée à la lumière devient noire tandis que les zones couvertes par les objets restent claires.

Cette première expérience a été attribuée au potier anglais Thomas Wedgwood (1771-1805). Il remplissait des pots en céramique de nitrate d’argent, puis trempait des feuilles de papier ou de cuir dans le produit chimique, plaçait des objets sur les feuilles et les exposait à la lumière du soleil. Wedgwood a découvert que les “images” imprimées par cette réaction chimique se détérioraient rapidement si elles étaient exposées à la lumière du soleil, alors que si elles étaient placées dans l’obscurité et éclairées par une bougie ou une lampe, elles ne se détérioraient pas. Cette découverte aurait été faite en 1791.

Thomas Wedgewood et ses expérimentations.

Il s’agit d’un récit extrêmement simplifié de la première étape de l’histoire de la photographie. Tout a commencé par une réaction chimique qui a coloré une feuille de papier dans les zones exposées à la lumière du soleil. Lorsque l’on prend du recul et que l’on pense que c’était le début d’un long chemin qui nous a conduits aux photographies en noir et blanc, puis aux photos en couleur et, enfin, aux Polaroïds, il est étonnant de voir ce que l’humanité est capable d’inventer lorsqu’elle refuse d’abandonner au premier obstacle.

2. L’HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE : DES PREMIERS PAS AU DAGUERRÉOTYPE

Les premières expériences sur les matériaux photosensibles, qui remontent à 1791, ont peut-être donné des résultats modestes, mais elles ont sans aucun doute stimulé la créativité de l’homme. Si l’on considère l’histoire de la photographie d’aujourd’hui, il est clair que ceux qui ont tenté d’exploiter le potentiel de ce support avaient l’intuition de ses possibilités infinies, et beaucoup étaient motivés par la promesse de monétiser leurs résultats.

Deux des personnages les plus intelligents de notre histoire sont les Français Joseph Nicéphore Niépce et Louis-Jacques-Mandé Daguerre. Ils se rencontrent en 1800 et entament une collaboration qui reprend l’intuition de Wedgewood et la poussent plus loin en inventant de nouvelles techniques et en utilisant de nouveaux matériaux. Niépce, intrigué par cette version primitive de la photographie, cherche un moyen d’obtenir du procédé une image durable qui ne se détériore pas avec le temps.

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Sa première invention était une procédure compliquée qui utilisait une feuille de papier trempée dans du chlorure d’argent et exposée dans une petite chambre noire. Mais cela lui donnait le négatif d’une image avec des zones lumineuses imprimées sur un fond sombre. Il s’est donc tourné vers le bitume de Judée comme matériau photosensible. Il a saupoudré la substance sur une plaque d’étain, placé une gravure entre la plaque et une source de lumière, puis laissé la lumière filtrer à travers la gravure et imprimer la plaque en dessous. La lumière a pénétré à travers les parties les plus fines de la gravure, durcissant le bitume. La plaque a ensuite été lavée avec de l’huile de lavande, les parties les plus dures adhérant à la plaque, tandis que les parties exposées étaient gravées avec de l’acide nitrique et la dernière plaque a été utilisée pour imprimer l’image sur une feuille de papier. Niépce a appelé “héliographie” ce procédé laborieux, qui ressemblait plus à l’impression traditionnelle qu’à la photographie.

3. JACQUES DAGUERRE ET LE DAGUERRÉOTYPE

En 1827, alors qu’il rendait visite à son frère à Londres, Niépce rencontra Daguerre à Paris. Daguerre avait entendu parler des expériences de Niépce et était un innovateur à part entière, bien qu’il soit issu des arts visuels plus traditionnels. En fait, Daguerre était un peintre à succès à Paris. Il était célèbre pour avoir inventé le “diorama”, un théâtre spécial pour la présentation de peintures dans lequel des astuces d’éclairage et d’autres techniques étaient utilisées pour modifier les perspectives.

Les deux hommes s’associent et signent un contrat de dix ans pour commercialiser leurs découvertes et travailler en synergie afin d’affiner la technologie de l’impression sur matériaux photosensibles. Quelques années après la mort de Niépce, Daguerre présente au monde son invention : le daguerréotype. Cette technologie utilisait une plaque de cuivre recouverte d’une fine feuille d’argent poli qui, placée au-dessus de vapeur d’iode, réagissait pour former de l’iodure d’argent. Une fois exposée à la lumière dans une chambre obscure, elle se retransformait en argent proportionnellement à la quantité de lumière reçue. L’image obtenue n’était pas visible avant d’être exposée à de la vapeur de mercure, puis stabilisée dans une solution saline.

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En 1839, alors que Daguerre cherche des fonds pour monétiser sa découverte, il est contacté par François Aragoun, un homme politique français désireux d’acquérir le brevet de son procédé chimique. La même année, La Gazette de France fait état, à grand renfort de publicité, d’une nouvelle invention qui permet de “peindre avec la lumière”. Le procédé est dévoilé au public pour la première fois le 19 août 1839. François Aragoun qualifie cette technique de “daguerréotype” et obtient l’aval du peintre Paul Delaroche, qui vante le haut niveau de détail de ce type d’image et déclare que les artistes et les graveurs ne doivent pas se sentir menacés car ils peuvent utiliser cette nouvelle invention pour des études préliminaires de paysages.

Louis Jacques Daguerre

Plus tard, Daguerre publia un manuel intitulé “Historique et description des procédés du daguerréotype et du diorama” décrivant le processus de l’héliographie et du daguerréotype de Niépce. Il fait également breveter son invention en Angleterre et reçoit des royalties pour son utilisation. Daguerre a également produit et vendu sa propre version de la ” chambre noire “. Fabriquée en bois, elle est équipée d’objectifs offrant une distance focale de 40,6 cm et une ouverture de f/16, et est commercialisée au prix de 400 francs. Dès lors, son invention et ses techniques se répandent progressivement dans le monde entier, suscitant de nouvelles expérimentations et tentatives d’amélioration.

Exemple d’un daguerréotype.

4. DES PIONNIERS AU PREMIER LIVRE PHOTOGRAPHIQUE

Au fur et à mesure que la popularité du daguerréotype se répandait et que la technologie s’améliorait, de plus en plus de démonstrations publiques étaient organisées pour montrer le processus qui produisait les toutes premières “photographies”. Les spectateurs étaient stupéfaits par les résultats : exploiter le pouvoir de la lumière pour imprimer une image aussi détaillée sur un support solide était tout simplement incroyable.

Le procédé présentait un inconvénient majeur : au départ, le temps d’exposition nécessaire pour imprimer la plaque était d’au moins 8 minutes. Un temps terriblement long, tolérable pour un paysage mais insupportable pour un être humain contraint de rester immobile. Il en résulte des portraits très statiques dans lesquels le sujet apparaît souvent les yeux fermés. Ce problème a été résolu en réduisant le temps d’exposition à seulement 30 secondes grâce à l’introduction d’appareils photo avec une ouverture de f/3,6 et de plaques de daguerréotype offrant une meilleure sensibilité grâce à l’utilisation de vapeurs de brome et de chlore. Le support d’argent a également été renforcé par du chlorure d’or.

William Fox Talbot et son livre.

La technique de Daguerre a continué à être améliorée jusqu’en 1841, lorsque le calotype a été introduit par William Fox Talbot. Le calotype adopte le concept de développement d’une image à partir d’un “négatif” photographique. Avec cette approche, l’exposition nécessaire n’était que de quelques secondes car l’image était développée à partir du négatif imprimé à l’aide d’un processus chimique supplémentaire : le papier imprimé était plongé dans une solution de nitrate d’argent et d’acide gallique, exposé à une source de lumière, puis plongé dans une seconde solution qui contribuait à former l’image.

Pages du livre de Talbot, The Pencil of Nature.

Suivant l’exemple de Daguerre, Talbot fait breveter son invention en Angleterre afin de pouvoir en tirer profit. De 1844 à 1846, il publie “The Pencil of Nature”, l’un des tout premiers livres photographiques, contenant 24 calotypes.

5. L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ET L’UTILISATION GÉNÉRALISÉE DE LA PHOTOGRAPHIE

Grâce aux améliorations technologiques constantes apportées dans le monde entier, la photographie ne cesse de se répandre et les laboratoires photographiques poussent comme des champignons partout. Rien qu’à New York, on comptait plus de 80 laboratoires en 1850. C’est en Amérique que les plaques d’argent ont commencé à être produites à l’aide de machines à vapeur, puis à subir un traitement électrolytique qui a permis d’obtenir un meilleur produit.

La diffusion rapide de la photographie signifie qu’elle est bientôt accessible à toutes les classes sociales et qu’elle n’est plus réservée aux riches. Les méthodes les plus couramment utilisées étaient le daguerréotype et le calotype. Le daguerréotype était considéré comme étant de meilleure qualité car il ne produisait qu’une seule copie, ce qui le rendait plus précieux pour les clients, et il ne présentait pas les défauts d’impression typiques du calotype.

Exemple de photographie réalisée selon la technique de l’ambrotype.

Puis est apparue une nouvelle technologie qui a remplacé toutes les autres techniques en Amérique grâce à sa meilleure qualité : le procédé au collodion. Les plaques de verre ou de métal recouvertes de collodion donnaient d’excellents négatifs pour la production de tirages au charbon ou à l’albumine.

Les plaques au collodion devaient être exposées alors qu’elles étaient encore humides et développées peu après, les tirages étant livrés au client en quelques minutes. Dans un autre développement technologique, l’utilisation de plaques au collodion sous-exposées pour obtenir un négatif en appliquant une surface sombre au verso a donné naissance à deux autres techniques : l’ambrotype, qui utilise une plaque de verre, et le ferrotype, qui utilise une plaque de métal.

6. LA NAISSANCE DE L’INDUSTRIE PHOTOGRAPHIQUE MODERNE

La croissance ininterrompue de la photographie a entraîné une demande croissante de matériaux, d’instruments et de composants spécifiques. Des usines et des laboratoires spécialisés ont rapidement vu le jour. Par exemple, à un moment donné, environ 60 000 œufs étaient utilisés chaque jour à Dresde pour produire du papier albuminé ! Les laboratoires photographiques étaient organisés comme des chaînes de montage, avec une tâche spécifique pour chaque ouvrier.

Quelqu’un préparait les plaques, qui étaient apportées au photographe pour l’exposition, puis remises à un autre collègue pour le développement et, enfin, la fixation dans une salle dédiée. Il y avait aussi des personnes spécialement formées pour conseiller les clients sur les meilleures poses à prendre.

Un exemple de la première distribution massive de cartes postales illustrées.

Les albums de photos de famille sont devenus très populaires, tout comme la photographie de paysages et les cartes postales de célébrités, de monuments, de paysages urbains, de paysages et de vues pittoresques qui étaient vendues aux touristes. C’est le début de la production en masse de tirages et de cartes postales.

Un autre moteur important de la production de masse et de la naissance de géants de la photographie était l’industrie optique florissante : la production de lentilles et d’appareils photo était désormais une affaire importante et a vu la croissance de grandes entreprises comme Kodak, Leica, Ilford et Voigtländer. Ainsi, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la production de masse a contribué à démocratiser la photographie analogique.

7. LA PHOTOGRAPHIE DEVIENT RÉELLE : APPAREILS PHOTO PORTABLES ET IMAGES EN COULEUR

Les photographies ont rapidement été considérées comme des pièces justificatives.

Elles sont devenues essentielles pour les journalistes et les aventuriers qui parcouraient le monde en prenant des photos partout où ils allaient, désormais acceptées comme un moyen légitime de rapporter des faits pour les journaux du monde entier. Avec cette croissance constante, les instruments utilisés pour prendre et développer les photos se sont améliorés, devenant plus petits et plus faciles à utiliser. Les journalistes et les reporters ont ainsi pu saisir les plus grands événements sur le vif, à l’instant même.

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Il ne manquait qu’un détail essentiel pour faire de la photographie le moyen idéal de saisir la réalité dans tous ses détails : la couleur. Les photos étaient encore en noir et blanc. Pour les rendre plus réalistes, les photographes tentent de les colorer en utilisant des pigments à base d’aniline dans certaines zones de l’image. Mais le développement de la technologie permettant de prendre des photos en couleur s’est avéré difficile. Tout a commencé en 1859, avec les expériences de James Clerk Maxwell, qui a découvert qu’il était possible d’obtenir des images en couleur grâce à un procédé appelé couleur additive. Maxwell a superposé trois images prises dans les couleurs primaires rouge, vert et bleu pour créer une seule image en couleur.

Photoportrait de James Clerk Maxwell.

Cette intuition a été affinée et a conduit à la découverte de la technique de mélange soustractif des couleurs, qui a abouti au lancement du film photographique Kodachrome en 1935. Il utilise le mélange soustractif des couleurs pour incorporer dans le film trois couches photosensibles différentes correspondant aux fréquences du rouge, du bleu et du vert. Le film Kodacolor est apparu peu après, en 1941, rendant possible pour la première fois le développement à domicile de négatifs en couleur.

PEINTURE VERSUS PHOTOGRAPHIE

La relation entre la photographie et la peinture mérite une discussion à part.

C’est une relation qui a toujours été particulière, avec des divergences et des différences inévitables qui amènent les photographes et les peintres à osciller continuellement entre rapprochement et éloignement. En conséquence, le chemin vers la reconnaissance de la photographie en tant que forme d’art légitime a été long et ardu.

Les cartes postales et les petits tirages photo initialement vendus au public n’étaient pas toujours de bonne qualité. Tout dépendait du soin apporté à la prise de vue, des matériaux utilisés et de nombreuses autres variables.

Pour un artiste visuel traditionnel sensible à l’esthétique, les photographies pouvaient paraître froides et impersonnelles par rapport aux portraits peints à la main qui étaient la norme dans les siècles passés. Cela a conduit les peintres intrigués par la photographie à aborder le support de manière plus créative. Ils préparaient des fonds de scène élaborés, proposaient des poses audacieuses ou des vêtements et accessoires flamboyants pour obtenir un effet plus expressif sur les photos.

Que ces photographes soient issus de la peinture, de la sculpture ou du théâtre, tous ont appris à jouer avec différents cadrages et éclairages pour améliorer l’esthétique de l’image.  Nadar est l’un de ces artistes qui a essayé de prendre des photos en utilisant les techniques des arts traditionnels les plus célèbres. Artiste parisien imaginatif au caractère bien trempé, Nadar est célèbre pour avoir pris la première photographie aérienne de l’histoire en volant dans un ballon équipé d’un appareil photo en 1858. Un autre contemporain notable était Etienne Carjat.

Etienne Carjat, photo-portrait de Charles Baudeleire, vers 1862.

Des célébrités comme Charles Baudelaire, Gustave Courbet et Victor Hugo ont été photographiées par ces deux artistes.

PHOTOGRAPHIE D’ART : L’ÉDITION ET L’APPROCHE ARTISTIQUE DES PHOTOGRAPHIES

Dès que les artistes se sont essayés à la photographie, ils ont commencé à faire des expériences pour rapprocher les images des peintures, avec des effets graphiques inhabituels. En fait, plutôt que de voir les peintures ressembler aux photographies, c’est le contraire qui s’est produit. La photographie ne disposait pas de tous les moyens d’expression offerts par l’ombre, le coup de pinceau et la sélection des couleurs. C’est pourquoi des techniques comme la double exposition et le photomontage ont été introduites. Des dizaines de négatifs différents étaient utilisés pour une seule photo, ou deux négatifs avec deux temps d’exposition différents étaient combinés en une seule photo pour créer des effets spéciaux, comme montrer le ciel et le sol dans la même image.

Alors que la photographie tentait d’imiter la peinture par des techniques fantaisistes, la peinture tirait parti de certaines caractéristiques de la photographie, comme la précision des détails. Par exemple, le peintre Eugénie Delacroix se référait à des photos de ses sujets pour saisir les gestes des célébrités qu’il peignait dans les moindres détails.

La photographie picturale a commencé à être considérée comme une forme d’art légitime après la première moitié des années 1800, grâce à des résultats finaux qui ressemblaient à de véritables peintures. Mais cette tendance s’est brusquement arrêtée au début des années 1900. La photographie picturale a commencé à être abandonnée et la photographie s’est délibérément distancée de la peinture, s’imposant comme une forme d’art légitime avec ses propres caractéristiques.

Cette nouvelle approche considérait la photographie comme une pure forme d’expression à part entière, sans qu’il soit nécessaire de la retoucher par la suite. Au début des années 1900, en Amérique, le mouvement de la photographie directe encourageait les gens à descendre dans la rue et à saisir la réalité de la vie urbaine en photographiant des gens ordinaires, des chantiers de construction, des bâtiments, des quartiers ouvriers et des paysages urbains. Il avait beaucoup en commun avec l’esthétique abstraite du cubisme et des mouvements artistiques associés.

En quête d’une identité indépendante et abstraite, de nombreuses techniques photographiques ont été réinterprétées et réinventées, produisant des images dotées d’une vie propre et des effets visuels à des années-lumière d’un coup de pinceau. Cela nous a donné des techniques comme le photomontage et le collage, utilisées par les artistes dadaïstes. Le summum de cette tendance se trouve dans le travail d’artistes comme Man Ray, El Lissitzky, Aleksandr Rodchenko et Paul Citroën.

LA RECONNAISSANCE DÉFINITIVE DE LA PHOTOGRAPHIE EN TANT QUE FORME ARTISTIQUE LÉGITIME

Pour atteindre le moment où la photographie a été acceptée comme une forme d’art légitime, indépendante de la peinture et considérée comme ayant la même importance et la même dignité, il faut remonter dans le temps jusqu’à un célèbre litige devant un tribunal français : le procès Mayer et Pierson. Il s’agit d’un moment curieux mais essentiel de l’histoire de la photographie.

Les photographes Mayer et Pierson ont intenté un procès à deux autres photographes en 1861, les accusant d’avoir reproduit sans autorisation certaines de leurs photos du comte de Cavour et de Lord Palmerston. À l’époque déjà, les photographes pouvaient gagner beaucoup d’argent en vendant des photos de célébrités, ce qui a rendu cette bataille particulièrement acharnée et l’une des premières à porter sur la protection du droit d’auteur.

Le point crucial de l’affaire consistait à déterminer si la photographie était une forme d’art légitime. Au tribunal, Mayer et Pierson ont invoqué les lois sur le droit d’auteur de 1793 et 1810, mais celles-ci ne s’appliquaient qu’aux formes traditionnelles d’art reconnues comme telles. Malheureusement, la photographie n’était pas – ou du moins pas encore – l’une de ces formes.

Pour faire valoir avec succès leur droit d’auteur, les deux photographes ont dû démontrer que la photographie devait être considérée comme une forme d’art légitime. Le procès s’est terminé en 1862 par un verdict qui reconnaissait la photographie comme une forme d’art au même titre que les autres, méritant ainsi d’être protégée par la loi sur le droit d’auteur.

Malgré le verdict, les intellectuels sont restés réticents à considérer la photographie comme une forme d’art légitime, et la reconnaissance complète en tant que telle ne viendra pas avant que le XXe siècle soit bien entamé, prenant enfin la place qui lui revient aux côtés des peintures dans les musées d’art du monde entier.